LA FORMATION D’UN COUPLE

Aujourd’hui, comme une multitude de personnes célibataires, X, homme ou femme, souhaite sortir de sa solitude pour former un couple. Parce que le célibat est vécu comme l’amputation d’une partie essentielle de soi. D’où  l’idée universellement répandue et agissante que pour être complète, toute personne doit s’unir à l’ ” autre “. C’est une conception déterministe et gémellaire de l’homme.

Et là se déploie l’éternelle comédie ou drame de la vie. D’une part, la fausse croyance que c’est parce qu’on aime qu’on va vers l’autre alors qu’on obéit à l’injonction déterminante de la nature d’aller vers l’autre pour procréer, pour perpétuer l’espèce humaine. D’où une première erreur dans l’interprétation de nos pulsions sexuelles par laquelle nous pensons être libres du choix que nous faisons alors que nous sommes conditionnés pour choisir n’importe qui. Là s’ajoute une deuxième erreur : l’illusion de croire, alors que nous ne pouvons nous soustraire aux effets d’une pulsion millénaire et naturelle, que nous avons la liberté de faire le meilleur choix parmi les partenaires possibles. Or, le champ d’expérience de cette affaire ancestrale est la planète. Nous sommes, là où nous agissons, une infime partie d’un tout qui comprend des milliards d’être humains, tous différents, si bien que les chances d’appariement parfait avec des êtres localement proches sont statistiquement très faibles. D’où une majorité d’associations ” locales “, de collages caractériels, glandulaires, physiques… très incomplètement complémentaires. Fort heureusement elles comblent suffisamment les attentes mutuelles pour que chaque partenaire s’estime assez satisfait de sa vie avec l’autre, en vertu de l’adage ” ne soyons pas si difficiles “…..

Et c’est comme cela qu’en possession d’éléments qui ne sont pas bien appropriés à l’autre, chaque membre d’un couple passe sa vie à rafistoler plus qu’à créer une union parfaite, avant de s’isoler dans un monde de renoncement amer ou vindicatif !

Dans ces conditions d’union organique où le résultat est aussi aléatoire que celui d’une loterie, il arrive que se produise exceptionnellement le miracle d’un ” appariement ” idéal. D’où un accouplement parfait sur tous les plans, le sentiment que nous sommes parfaitement complétés par l’autre. Comblé, rassasié, chaque partenaire s’élève au dessus de lui et se fond dans une troisième et unique personne. L’union totale produit ainsi un dépassement de soi fondu dans une tierce et unique identité.

A l’exception de cette situation rarissime, le champ de notre liberté de manœuvre est infime. Il ne peut être élargi, seulement élargi, que par notre aptitude à utiliser les mots pour voir, décrire, communiquer, et faire….

… les mots qui en surgénèrent d’autres pour une vision plus lucide de nous-même et du monde,

                                        les mots,

                                                              toujours les mots,

                                                                                                  ces yeux

révélateurs de la pensée qui est en nous et de la réalité qui nous entoure.

0 réponses

Répondre

Se joindre à la discussion ?
Vous êtes libre de contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *