LA BROUETTE N’CUMBA

1

    Les brouettes de Cevaurien de BRETZEL

Lundi 12 Février 1996 

Le principe de l’archéologie est paradoxal : plus on découvre des vestiges qui reculent les limites du temps connu, plus l’archéologie avance. 

Et avec Cevaurien de BRETZEL, l’archéologie  fait un formidable bond en avant. Dans le bon sens scientifique de cette discipline, c’est à dire,  à reculons.

Lisez bien. C’est fantastique.

Pendant sa dernière campagne de fouilles en République Sud Africaine, Cevaurien de BRETZEL a découvert 17 bouses sur lesquelles, il y a 5.000 ans de cela, un homme de plume a écrit les premiers textes de l’humanité. Et, en plus,  alors qu’on ne lui en demandait pas tant, le plumitif rédacteur a représenté au dessus de ses écritures

        d’admirables dessins de brouettes.

Alors là, les spécialistes jubilent. Depuis le temps qu’ils se disputent au sujet des origines de la brouette ( a-t-elle été inventée par un chinois ou par un scaphandrier de l’Atlantide ), ce grand mystère, Cevaurien de BRETZEL affirme l’avoir résolu, grâce aux textes gravés sous les brouettes.

Inutile de dire que les Suisses qui ne perdent jamais l’occasion de transformer en argent n’importe quoi ont tout de suite fait des propositions commerciales à l’archéologue Français. C’est un marque de chocolat helvète qui a enlevé le morceau en flattant son amour propre. Si vous traitez avec nous, lui ont dit les Suisses, nous ferons le panégyrique de vos bouses dans les 7 millions de tablettes que nous vendons chaque année. Et, contre 7 millions d’éloges sur vos bouses, véhiculés par 7 millions de tablettes, le découvreur des quelques tablettes de la mer noire ne fait plus le poids !

Il n’en fallait pas plus pour que l’archéologue Français craque.

L’affaire conclue avec les Suisses, Cevaurien de BRETZEL s’est envolé vers PARIS afin de satisfaire l’impatience des millions de brouettistes avides d’en savoir plus grâce à ses bouses.

Dès son arrivée à ROISSY, hier matin, il convoque la presse pour 14 Heures, dans l’appartement qu’il s’est fait  aménager dans les catacombes.

 – Excusez le choix du lieu de rendez-vous, nous précise son attaché de presse, mais après chaque immersion dans le passé abyssal de la terre africaine, le Maître loge pendant quelques jours dans les catacombes pour se décompresser.

Des révélations sur la brouette faites dans les catacombes, il y a de quoi exciter l’esprit le plus blasé. Tous les journalistes sont sur place bien avant l’heure !

En arrivant, nous constatons que le génie commercial suisse nous a précédés. Partout, sur les murs, des mâchoires de têtes de mort mordent joyeusement des tablettes en chocolat. Quel effet spectaculaire ! Si certains crânes ont un rôle décoratif et publicitaire, d’autres ont un rôle comestible. Ils servent de distributeurs automatiques de tablettes. L’insertion dans le sinus d’une pièce de 10 Euros ouvre les mâchoires qui libèrent la tablette.  Encore une invention Suisse digne de rester dans l’histoire : le crâne ” fast  food ” pour le visiteur qui meurt de faim.

A 14 heures précises se produit le premier évènement de la réunion.

Une vache dont la clochette diffuse un son inhabituel en ces lieux, nous rend visite. Elle est suivie par un pâtre vaudois qui semble très heureux d’être parmi nous. La vache aussi. Un projecteur éclaire ces visiteurs pour le moins surprenants ici.

Chacun pense que si la vache est là, c’est qu’il va se passer quelque chose. En effet, la vache soulève sa queue. De l’orifice par lequel elle rend à la nature ce qu’elle lui a pris par un autre orifice peu avant, une bouse tombe par terre. L’émission libératrice de la première bouse catacombale de tous les temps est aussitôt saluée par une musique concrète qui a l’avantage d’être comprise même par ceux qui ne fréquentent pas l’avant garde de POMPIDOU : bruits de chute d’eau dans un siège à la turque, suivi par le gargouillement d’un vieux bidet qui refoule son eau parce que la tuyauterie est bouchée par les globules d’un ” ensaignant ” qui lave son visage passablement tuméfié après la correction académique donnée par le père d’un élève mal noté. Et pour finir, les beuglements endiablés de la danse des vaches de Walt Disney.

L’onde des applaudissements qui saluent cet hommage à la bouse est tellement forte qu’elle fait tomber quelques crânes et leur tablette, à la grande frayeur des âmes sensibles quand passe sous leur nez avant de s’écraser à leur pied une mâchoire enchocolatée.

A la fin de la danse des vaches, celle présente parmi nous s’en va. Tel le petit Poucet, elle marque son chemin par la chute de balises, des balises gastriques en la circonstance. Pour éviter de marcher dedans, le pâtre sautille et passe en tête. Une minute après, nous ne les voyons plus.

Survient alors le troisième évènement. Il est annoncé par un roulement de tambour, puis par un retentissant

– ” Merde, j’ai marché dedans “,

prononcé par le maître des lieux, Cevaurien de BRETZEL.

Il vient vers nous  en  sautant, comme à la marelle, pour poser son pied sur ce qui reste sec dans son appartement.

Cevaurien ne s’embarrasse pas de formules creuses. Il entre tout de suite dans le vif du sujet.

 – ” Mesdames et Messieurs “, nous dit-il, ” depuis que j’ai découvert mes bouses, certains concurrents jaloux signalent en avoir trouvées de semblables un peu partout. Les dernières mises à jour seraient, tenez-vous bien, rien moins que le manuscrit original dela Divine Comédie que Dante aurait écrite avec ses ongles sur des tablettes de crottin de cheval… ! Je sais bien qu’à l’époque, les palefreniers au service des familles nobles mélangeaient à l’avoine de leurs chevaux des tablettes de chocolat suisse, qu’on soupçonnait être la cause du caractère placide des helvètes, pour calmer les ardeurs latines de leurs étalons en période de rut. Mais quand même ! De là à ce que ce chocolat ait été expulsé sous forme de tablettes, et que Dante ait écrit avec ses ongles sur ces tablettes, alors qu’on sait par son psychanalyste qu’il se rongea les ongles du berceau à son baldaquin de mort, quelle ineptie crotilatoire ou bousifasteuse !

Mais laissons les envieux exprimer leur rancune avec des racontars lamentables. L’important, pour la science est que j’ai réussi à décrypter les plus vieux textes connus, et que ces textes nous racontent la véridique histoire de la brouette “.

Ces paroles déchaînent l’enthousiasme de tous les journalistes.

– ” Bravos ” !

– ” Formidable ” !

– ” Vive la brouette ” !

– ” Vivent les bouses ” !

– ” Vive le chocolat suisse ” !

Lorsque le silence revient, Cevaurien de BRETZEL nous dit :

– ” Mes amis, l’histoire de la brouette est tellement extraordinaire que lorsque vous la connaîtrez, les affabulations de la mythologie grecque ne présenteront pas plus d’intérêt pour vous que la lecture de l’annuaire du téléphone quand vous n’avez rien d’autre à lire avant de vous endormir dans une chambre d’hôtel.

Tout a commencé de la façon la plus banale qui soit.  Il y a 5.000 ans de cela, dans la province du ZOULOULOU-NATAL un homme, le roi Monkiki MONOPAUL ( dynastie des N’MABBOUL ) aima la princesse N’CUMBA. Mais à partir de là, attention, nous basculons dans la quatrième dimension.

Parce que, grande première mondiale, c’est Monkiki, le mâle, et non N’CUMBA, la femelle,  qui a porté le fruit de l’union du couple……. un fruit de sexe féminin certes, mais qui n’était  pourtant pas une fille parce que c’était une brouette, …..notre brouette  !

De tous les gosiers présents jaillit alors un gigantesque

” OUAIIIIIIIIIIE ” !

Suivi d’un carambolage de

– ” Génial ” !

– ” Smurf ” !

– ” Chocobandant ” !

Conclu par un unisson de

– ” Vite, vite, Maître, dites-nous tout ! Nous ne voulons pas mourir idiots “.

Cette ferveur manifestée à l’égard de son incomparable personne flatte Cevaurien de BRETZEL. Comme le corbeau d’une  fable bien connue, il laisse tomber de son bec l’incroyable mais véridique histoire de la brouette, telle qu’il l’a décryptée dans les bouses gravées  du  ZOULOULOU-NATAL.

2

Le foutring du roi Monkiki Monopaul

– ” En l’an, de grâce, 3.000 avant Notre Sauveur, le roi Monkiki MONOPAUL, ( dynastie des N’Mabboul),  faisait sa promenade digestive dans le verger royal lorsqu’il vit pour la première fois la princesse N’CUMBA. Plus exactement, il ne vit que les fesses d’une personne courbée,  parce que la princesse était occupée à déterrer  les pommes de terre dont sa mère avait besoin pour le Patapata traditionnel. Sa croupe humidifiée par le soleil et l’effort  ensorcela Monkiki au point qu’il posséda N’CUMBA de dos, sur le champ. Comme elle sollicitait la faveur de continuer à  ramasser les tubercules, de crainte d’être grondée si elle ne rapportait rien, le roi, compréhensif, lui saisit les pieds et la fit avancer dans cette position pour qu’elle poursuive son occupation pendant qu’il la pénétrait.

Cher amis journalistes, avec cette séance de footing sexuel, vous venez d’assister à une première mondiale : l’invention du Foutring. Messieurs LAROUSSE, ROBERT et LITTRE, il ne vous reste plus qu’à rajouter fissa ce mot dans vos dictionnaires.

Un peu plus tard, Monkiki retrouve ses esprits.

En grand monarque, il réfléchit aux avantages économiques de la nouvelle position  qu’il avait utilisée pour aimer la princesse. Et là, il a une idée géniale. Il remplace les jambes de sa partenaire par des bras en bois, son tronc, par une planche, et ses mains, par une pierre à meuler tournant autour d’un tibia frais. Il invente ainsi le premier véhicule répertorié, qu’il nomme ” N’CUMBA “, en hommage à celle qui lui avait donné une royale satisfaction. ( Bouse gravée N° 102, dite “ bouse de la princesse “. Découverte le 6 Juillet 1995, strate 22 ).

Monkiki MONOPAUL est  donc l’inventeur incontesté de la brouette. 2.000 ans avant les chinois ou les scaphandriers de l’Atlantide !

Après un tel exploit intellectuel, Monkiki MONOPAUL aurait pu se reposer. Mais c’est mal connaître l’intelligence d’un esprit supérieur quand il s’engage dans la voie des déductions. Il les poursuit jusqu’à leur conclusion.

Par décret royal (bouses gravées N° 103, 104, 105  et 106, strate 22),

1) Il élève la pomme de terre à la dignité d’emblème national.

2) Il décide que la N’CUMBA sera exclusivement utilisée pour le transport du légume royal. ( Auparavant, les pommes de terre étaient véhiculées dans la poche des kangourous qui s’en servaient un peu trop souvent pour bombarder leurs maîtres ).

3) Il ordonne que tout contrevenant soit mangé avec des frites.

4) Il crée l’ordre du pommedetaire  qui récompense les dignitaires les plus méritants, lesquels arboreront un germe de pomme de terre sur la boutonnière de leur étui phallique, façon macaron dela Légion d’Honneur, pour les distinguer d’un vulgum penis.

Or, Snif, Snif, ces décisions royales provoqueront la fin de la dynastie des NM’ABBOUL. Comme on va le voir maintenant “.

 

3

Le mobile immobile

” Pour bien comprendre ce qui suit, je vous demande toute votre attention, Mesdames et Messieurs les journalistes.

Monkiki MONOPAUL est parti d’une situation vécue, sa relation avec la princesse N’CUMBA, et il a transposé chaque élément de la situation dans un objet, la brouette. Je ne vous apprendrai rien en vous disant que c’est un processus créatif couramment utilisé, la transposition. Seulement voilà, pendant qu’il pratiquait son sport sexuel avec l’ardeur d’un foutreur amoureux , il n’avait d’yeux que pour la croupe de la princesse. Il ne voyait pas ce qu’elle faisait pour déplacer au fur et à mesure de sa progression les pommes de terre qu’elle déterrait. Elle les jetait en avant, devant elle. Lorsqu’elle arrivait au niveau du premier jet, elle repoussait plus loin les pommes de terre. Et ainsi de suite jusqu’à la fin du foutring de son amant.  Alors seulement, Monkiki voit le tas, et pas comment il a été obtenu. Il croit peut-être que N’CUMBA a déplacé les pommes de terre en les posant sur son dos où elles sont restées collées comme des ventouses….. Quoi qu’il en soit, il ne prévoit pas de flancs ni de butoir pour retenir les pommes de terres sur la planche de sa N’CUMBA. Inutile de préciser que, dégarnie de flancs et de butoir, la première brouette présentait un petit inconvénient :  il était impossible de déplacer des pommes de terre avec.

J’ai connu une de mes plus grandes émotions d’archéologue en découvrant le sixtique des bouses  dites “du drame de l’immobilité“. L’artiste présente avec une naïveté très émouvante les ennuis de l’utilisateur d’une des premières N’CUMBA.

Ali GATOR  ( c’est mon majordome ), quitte pendant quelques instants ton narghilé et  passe-nous les diapos du                “ drame de l’immobilité ”. Vous allez voir, c’est très émouvant.

 Ah, voila la bouse 1   : Remarquez l’air optimiste du manœuvre  qui pose les pommes de terres sur la planche de la brouette.

Bouse 2 : Le manœuvre prend les poignées de la N’CUMBA pour la faire avancer. Ce faisant, il soulève la planche qui s’incline.

Bouse 3 : Les pommes de terre roulent sur le plan incliné et elles tombent par terre.

Bouse 4 : Le manœuvre est très étonné. Il marmonne “ patatras “ et il aimerait savoir pourquoi.

Bouse 5 : Il recharge….., exécute pour la 2ème fois la séquence 2 et les suivantes. Remarquez ici que le manœuvre dit encore “Patatras”.

Bouse 6 : Notre héros semble désemparé.

Assurément, la raison que les mêmes causes produisent les même effets représente pour lui un mystère impénétrable.

Merci, Ali GATOR. Tu peux retourner fumer ton narghilé……….. Quoi…….qu’est-ce que tu dis ?  Parle plus fort ! Ah, tu as faim ? Et qu’est-ce que tu veux manger ? Tu veux un croque-Monsieur ? Parfait ! Gardes, fermez les issues et baïonnette au canon ! Messieurs, Ali GATOR veut un croque-Monsieur ! Il le veut tout de suite.  Qui se dévoue ? Qui se dévoue……. ?

….. excusez-moi, je ne me lasse pas de faire cette plaisanterie idiote quand je reçois du beau monde….. Ali, tu as toujours faim….? Alors bouffe une religieuse ! C’est plus convenable chez nous ! Bon, la récréation est finie. Gardes, libérez les issues. Quant à nous, revenons à notre sixtique, ( bouses 107 à 112, strate 22 ).

Avec ce sixtique vous imaginez facilement que notre ancêtre a recommencé son manège jusqu’à l’heure du couvre-feu des cuisines, avec, chaque fois, le même espoir déçu.

Inutile de préciser qu’en fin de journée le transport du légume royal n’a pas avancé d’un tubercule.

Monkiki MONOPAUL prend très au sérieux le “drame de l’immobilité” de la pomme de terre. Il consulte les plus grands savants et philosophes du royaume. Sans résultat. Alors, il se retire, seul, sur le mont des figuiers. Il en redescend, trois jours après, l’œil pétillant comme il ne l’avait jamais eu.

Ecoutez la voix de la sagesse, dit-il à son peuple qui l’attendait à genoux. Puisque avec ma N’CUMBA,  vous  ne savez pas déplacer des pommes de terre jusqu’aux cuisines, les cuisines iront aux patates. Les cuisines seront désormais installées dans le verger royal. Voilà !

Cette anecdote provoque des fou rires chez plus d’un journaliste présent dans l’appartement catacombal de Cevaurien de BRETZEL.

– J’entends, dit-il, certains, parmi vous, qui ricanent. J’imagine qu’ils pensent que l’invention d’un véhicule utilitaire inutilisable, c’est pas malin ! C’est bien ça ?

 Et vos métros utilitaires, sont-ils utilisés pour déplacer les voyageurs quand les rames restent en gare pendant des semaines? Et ça, 5.000 ans après la brouette ! Non, messieurs, la fabrication de mobiles immobiles n’est pas une exclusivité des N’MABBOUL. C’est aussi une spécialité française. Ca vous la coupe, hein ? Bienfait !

Ces paroles rappèlent de mauvais souvenirs aux parisiens victimes d’une récente grève du Métro. Tout à coup, plus personne n’a envie de rire. Alors, Cevaurien de BRETZEL, fier de son effet, poursuit sa conférence “.

4

L’âge d’or de la N’Cumba

” Le maître du palais de Monkiki MONOPAUL  s’appelait Pasta PANPANZ’ANI ( bouse gravée 116, dite bouse des dignitaires.250 g, strate 22 ). Malgré le rang très élevé de sa fonction, il estimait que son roi avait insuffisamment honoré ses mérites. A la vérité, il estimait que son maître ne pouvait les satisfaire parce que PANPANZ’ANI voulait tout simplement prendre la place de son roi.

En 2.999 avant Jésus Christ,  quand la N’CUMBA est inventée, le prestige de Monkiki est au plus haut. PANPANZ’ANI perd tout espoir de prendre le pouvoir. Mais peu après, quand les cuisines sont déplacées dans le verger, il sait que son heure a sonné, s’il exploite bien la situation.

Le déplacement des cuisines dans le verger est une idiotie, dit-il aux dignitaires. En effet tous les plats qui sortent chauds des chaudrons nous arrivent froids parce que les cuisines sont maintenant trop éloignées de la salle à manger du Palais.  Ca ne peut plus durer comme ça.

– Ou bien on perfectionnela N’CUMBA.

 Elle transporte les pommes de terre jusqu’aux cuisines du palais qui sont judicieusement construites près de notre salle à manger. Et on mangera chaud le patapata !

– Ou bienla N’CUMBA est inutilisable.

Les nouvelles cuisines restent où elles sont, sur le lieu de cueillette des pommes de terre. Il faut alors construire une salle à manger juste à coté. Et nous mangerons  comme des patachons du patapata chaud !

Ce langage tripal fait merveille. Les courtisans se révoltent illico ( Bouse 117, dite “ bousetifaille “ ).

Pasta PANPANZ’ANI prend le pouvoir en – 2.999 et il fonde la dynastie des GNOKI.

Comme promis, il s’occupe d’abord de rendre  utile la brouette.  Il cherche, et il trouve !

En l’an – 2.998, Pasta PANPANZ’ANI  invente les parois !  Oui, je sais, 4 planches, ça n’a l’air de rien, et pourtant, grâce à elles, il est désormais possible de déplacer des pommes de terre au dessus du sol, plus vite et en se fatigant moins.

Pasta PAPANZ’ANI invente ainsi le transport aérien, en quelque sorte, 5.000 ans avant BLÉRIOT. Il est grand temps de le faire entrer au Panthéon et de l’installer à sa juste place, en compagnie des pionniers de l’aéronautique.

Les conséquences pratiques du perfectionnement de la brouette sont énormes. Les cuisines abandonnées, proches de la salle à manger du palais royal, sont remises en service. Le patapata traditionnel est servi bien chaud aux courtisans.  Tout le monde est content. Et tout le monde va l’être davantage le jour de la fête des pois chiche. Parce que ce jour-là, PAPANZ’ANI donne à son peuple une nouvelle raison d’admirer son intelligence ( bouse gravée 118,  dite ” de l’illumination “, strate 22 ), et, pour nous, je le dis comme je le pense, de le considérer comme l’ENSTEIN de la jungle “.

5

 La brouette universelle

 

” Comme chacun sait, le jour de la fête des pois chiche, les meilleurs guerriers s’affrontent dans un tournoi gastronomique d’un genre très particulier : il s’agit pour eux d’avaler la plus grande quantité de pois chiche en une seule bouchée. PANPANZ’ANI en ingurgite d’un coup 6 toncks ( 1 tonck pèse1 kg 253 g). Après cet exploit, il se retire en hoquetant, tel une oie gavée,  sur la plus haute branche d’un ronflier pour faire la sieste. Et c’est le somme tragique : il rêve qu’il fait de la barre fixe et qu’il se reçoit au sol après un triple saut périlleux. En fait, La branche qui supporte son fessier royal casse. il tombe. Fort heureusement, un de ses pages était là. Voyant son maître  inanimé, il l’installe dans une brouette et file à toute allure chez le sorcier : Le klaxon en moins, vous venez d’assister à la première mondiale du SAMU. Mais le sorcier n’a pas l’esprit de Henri DUNANT, fondateur de la Croix Rouge: il insulte le secouriste qui n’a pas respecté l’ordonnance de Monkiki MONOPAUL interdisant de transporter autre chose que des pommes de terre dans une N’CUMBA.

Après quoi, le sorcier saisit le fémur de sa tante N’BENENE. Il frappe le page avec une telle violence qu’il casse, à la fois, le crâne du destinataire de ses coups et l’os avec lequel il les avait donnés.  Il regrette tout de suite son geste pour trois principales raisons qui sont illustrées dans les bouses gravées 118,119 et 120.

– Sa récente évangélisation par des druides belges avait développé son sens moral.

– Il aimait beaucoup sa tante N’BENENE.

– Le tibia qu’il venait de casser était le seul souvenir qu’il gardait de cette tante, d’autant plus chère à son souvenir qu’il l’avait dégustée pour calmer une petite faim, un jour où elle avait couru moins vite que le poulet qu’il convoitait.

Mais qu’importent ces péripéties. Le sorcier retape en quelques instants PANPANZ’ANI.

Sitôt remis de son étourdissement, ce grand roi réfléchit aux enseignements économiques de sa mésaventure.

Je sais de façon absolument certaine, se dit-il, que la N’CUMBA transporte des pommes de terre. Je sais aussi, par ma propre expérience, qu’elle peut aussi transporter un roi. Or, qui dit pomme de terre dit légume, et qui dit roi, dit homme. Est-ce que, par extraordinaire,la N’CUMBA peut transporter n’importe quel légume et n’importe quel homme ? Et tant que j’y suis, n’importe quoi ou n’importe qui ? Ce serait merveilleux……

Bon, j’en entends encore qui ricanent dans l’assistance….. Comprenez pourtant que si, pour vous, le raisonnement de PANPANZ’ANI est banal, un tel niveau d’abstraction est sublime pour l’époque.

Bien, je poursuis. Avec une grande rigueur scientifique, PANPANZ’ANI  fait préparer 4 tas.

Le premier est constitué par quelques tablettes de BOBO ( uranium ) dont le pouvoir dissolvant avait été découvert par les DINGO à la constatation que lorsqu’ils s’en servaient pour se laver les mains, ils devenaient manchots. Depuis, pour éviter cet inconvénient tout en exploitant les vertus dissolvantes du BOBO, les populations locales s’en servaient sous forme de suppositoire, pour accélérer le transit des constipés.

Le deuxième comprend dix tonks de gnoko (fruit de l’arbre à gnoki).

Un couple de gagnacques ( espèce disparue de labrador équatorial à la peau zébrée ) forme le troisième tas.

Quant au dernier, c’était GUIDUX, le chef spirituel des druides belges qui évangélisaient la région à l’époque.

Chaque tas est chargé dans une brouette ornée de guirlandes multicolores. Les conducteurs attendent le signal du départ, convenu pour le   moment où le soleil se couche. Alors, le roi s’empare de la trompe dynastique et souffle comme un fou dedans. Et le miracle se produit. Les 4 brouettes, poussées par leur servant, avancent au milieu des cris de joie de la foule qui sent confusément qu’elle assiste à un grand moment de l’humanité,

l’universalisation de l’usage de la brouette.

Hélas, le cerveau du créatif  ne résiste pas au travail conceptuel  nécessité par sa découverte. Il meurt peu après d’une congestion cérébrale. Mais, depuis, l’évènement est célébré chaque année en Afrique, le 3 du mois des radis (noirs), sous le nom de JOUR DE LA REVELATION, qui est d’ailleurs le seul de l’année où les sorciers autorisent  l’administration à enregistrer des brevets”.

…………………………….

 Voilà fidèlement transcrit le discours de Cevaurien de BRETZEL.

Il nous dit, en guise de conclusion :

– ” J’ai remis au Collège de France toutes mes preuves : de superbes bouses gravées par les Commines de l’époque. J’attends, confiant, le jugement de mes pairs, et aussi, permettez-moi de le dire, la jument de mes paires…..vous me comprenez…… le savant n’a pas tué en moi l’étalon qui sommeille “.

Sur ce, de BRETZEL claque des mains pour appeler sa secrétaire, Nadine BEBEK, et son majordome, Ali GATOR, qui nous guident vers la sortie.

Dehors, nous retrouvons la vie courante, le grand air et le sens des réalités.

Nous commençons par nous interroger sur l’invraisemblance de certains propos que nous venons d’entendre.

L’écriture, utilisée il y a 5.000 ans en Afrique du Sud ?

Un certain GUIDUX évangélisant les noirs avant la naissance de notre Sauveur, Jésus Christ ?

Et ces bouses, avec des illustrations de brouettes au dessus des textes, comme sur nos bandes dessinées ? Alors que nous n’avons rien remarqué de particulier à la surface des dites bouses……qui auraient été miraculeusement conservées pendant 5.000 ans ? Bizarre !

Pour en avoir le cœur net, nous décidons de téléphoner à Nicœdème DUCERVEAU-ALANCIENNE, directeur du Musée de l’homme.

Lorsqu’il connaît l’objet de notre appel, il nous répond avec la solennité d’un pape interdisant l’utilisation des préservatifs, même sur les godemichés :

– ” L’affaire pour laquelle vous me consultez est très, très grave. Je vous attends demain matin, dès huit heures  ” …..

En fait, après avoir raccroché le téléphone, DUCERVEAU-ALANCIENNE retourne plusieurs fois ses lèvres à s’en moucher le nez et recouvrir le menton. Après quoi, il saute sur son bureau et il se met dans la position accroupie,  les coudes appuyés sur les genoux, les mains grattant frénétiquement sa calvitie. Tout à coup, il sourit à se fendre les commissures des lèvres, fait un énergique bras d’honneur à la photo de LEVI-STRAUSS qui est au mur, près du portrait du Président dela République, et dit en sautant par terre

– ” Cevaurien de BRETZEL, maous costo ” !

6

Les révélations de Ducerveau-Alancienne

Mercredi 13 Février 1996.

Cher lecteur, Chère lectrice, excusez-moi, vous ne savez pas à quel point je suis confus !

Ah, je m’en veux, je m’en veux, je ne m’en voudrai jamais assez….. d’avoir écrit que les tablettes de la mer noire ne sont que pacotille à côté des bouses de Cevaurien de Bretzel….

Ma seule consolation est que je ne suis pas le seul dans ce cas. Sans les lumières de Nicoedème DUCERVEAU-ALANCIENNE, nous serions encore aujourd’hui dans le même état de savoir ignorant qu’hier.

Or, donc, tout à l’heure, DUCERVEAU-ALANCIENNE nous a reçus avec le sourire malicieux qu’il a, même quand il ne pense à rien, ce qui lui donne l’air de réfléchir même lorsqu’il se gratte les doigts de pied.

– “Alors, jeunesse, vous avez vu ce farceur de de BRETZEL ” ?

Farceur….? Nous réagissons par un baroud d’honneur. Sans grande conviction je dois le dire.

– ” Mais, Cevaurien de BRETZEL nous a présenté des bouses  gravées, grosses comme des pizzas…..”

–  ” Et la lèvre inférieure d’une négresse à plateau, c’est une pizza, peut-être ?  Mes amis, vous vous êtes faits abouser par lui, j’en pizze de rire ! Et je parle en connaissance de cause.

Hier, Cevaurien de BRETZEL m’a adressé trois de ses bouses  pour que je lui donne mon avis.

Croyez-moi, je n’ai pas eu besoin du carbone 14 pour savoir qu’elles datent du mois dernier.

Leur matière verdâtre est comme truffée par une multitude de lentilles, avec, de ci, de là, quelques pois chiche qui forment une espèce de mosaïque en relief. Si ces lentilles poischichées sont un texte, il a été écrit en braille….. au 3ème  millénaire avant Notre Sauveur ! L’ineptie d’une telle supposition saute aux yeux des plus aveugles. D’autant que, vous voyez cette trace de morsure sur ma joue, là… ? Et bien, elle m’a été faite tout à l’heure par un vers solitaire qui s’est précipitamment expulsé d’une bouse que je disséquais avec mon scalpel . Si j’avais eu en main une matière vraiment préhistorique, il y a longtemps que le vers millénaire qu’elle hébergeait serait mort, décomposé, indécelable !

Enfin, et c’est peut-être par là, mes enfants, que j’aurais du commencer. De mémoire d’éléphant, on n’a jamais vu, ni dans le royaume de Monkiki, ni dans celui des dynasties qui lui ont succédé, la  moindre trace de pomme de terre. Pour la simple raison que ce légume a été introduit in the Dark Africa au 17ème siècle seulement, par des colons européens.

Alors, ce n’est pas l’énormité de l’affirmation que la pomme de terre a été cultivée en  Afrique du Sud, dès le 3ème millénaire avant notre sauveur, qui constituera une pomme de discorde entre hommes de science sérieux.

Tout de même, si vous rencontrez Cevaurien de BRETZEL, complimentez-le sur l’intérêt universel de ses fouilles. Plus vite il retournera là-bas, et mieux nous nous porterons ici. D’ailleurs, il va être décoré la semaine prochaine pour ça, sur le lieu de ses exploits. Monsieur le Ministre des affaires culturelles lui annonce la bonne nouvelle tout à l’heure “.

La Légion d’Honneur à Cevaurien de BRETZEL ?

A quoi  se fier, quand même !

Quoi que…., l’erreur des uns est si souvent prise pour une vérité par les autres, et réciproquement, la vérité est si fréquemment considérée comme une erreur, que toute réflexion faite, la meilleure façon de vivre sans se tromper, et même de vivre tout simplement,  n’est-elle pas de jouer avec ces valeurs comme si elles n’en avaient aucune…..?

 

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