LA LEÇON MÉCONNUE DE MUNICH

Les accords de MUNICH sont le fait d’une capitulation honteuse par laquelle la France et l’Angleterre, alliées de la Tchécoslovaquie, la contraignent à  céder le territoire des Sudètes à Hitler qui l’exigeait. Ceci pour éviter un risque de guerre avec le régime nazi. La guerre ! Les Français et les Anglais, étaient si traumatisés par l’horrible carnage qu’avait produit la guerre de 14-18, qu’ils voulaient à tout pris éviter un nouveau conflit armé avec l’Allemagne. Le défaitisme des populations françaises et anglaises associé à un comportement passif de leurs responsables politiques, a permis aux ambitions expansionnistes du dictateur allemand de l’emporter.

La  sinistre comédie de Munich a été jouée par trois personnages principaux : Chamberlain, représentant le gouvernement anglais, Daladier, Président du Conseil français et Hitler, Chancelier d’Allemagne. Inutile de parler de Benito Mussolini dont le rôle dans cette sinistre affaire a été celui d’un comparse d’opérette.

Rien à dire sur les prétentions de Hitler : Il applique, après l’avoir annoncé les pieds dans le plat, un plan d’expansion du Reich.

Rien à dire au sujet de la passivité de Chamberlain. C’est un crétin absolu ( et peut-être même, était-il germanophile ). Inutile d’espérer faire voir le monde comme il est à un aveugle.

Par contre, beaucoup à dire sur Daladier. D’un côté, il n’est pas aveugle. Il est intelligent et lucide. Il le prouve lorsque après avoir signé l’inacceptable, il dit à son chauffeur, quand la foule l’acclame à son retour à Paris : ” Les  cons ” Par contre, il subit la pression populaire qui veut à tout prix éviter une guerre pour que ne se reproduisent pas  les drames épouvantables qu’ont vécues les populations des zones de combats. Enfin, il a pour ” allié ”  un idiot qui ne voit pas les dangers d’un accord qu’il négocie. Ceci l’isole. Avec une marge de manœuvre dérisoire. Dans ces conditions …..

….. que pouvait faire Daladier ?

Accepter l’inacceptable ou le refuser.

Première hypothèse : Accepter l’inacceptable. Conséquences :

1 – On ne peut pas dire de lui que c’est un homme honorable : malgré l’existence d’un pacte d’assistance signé avec la Tchécoslovaquie, il n’a pas tenu ses engagements pour la secourir lorsqu’elle a été agressée dans ses intérêts vitaux.

2 – On ne peut pas dire qu’il a agi dans l’intérêt de son pays quand on connaît les conséquences de sa capitulation. Il n’a pas assumé sa fonction d’homme politique responsable et prévoyant…..

Deuxième hypothèse : Refuser de signer un accord calamiteux pour son camp :

Pratiquement, il suffisait qu’après avoir laissé parler les autres, il les traite, dans les termes diplomatiques appropriés, de sinistres guignols et qu’il leur annonce :

1 – qu’il refusait de signer un accord dépeçant la Tchécoslovaquie

2 – qu’à son retour en France il donne les raisons de son refus et mette solennellement en garde les français sur les conséquences de leur passivité. Avec, pour conséquence immédiate prévisible et quasi obligatoire :

3 – que l’Assemblée Nationale le renverse et nomme un autre Premier Ministre.

Ainsi, à partir du moment où il ne pouvait pas agir en accord avec ce qu’il pensait devoir faire, il fallait qu’il décide de sortir du système qui régissait son avenir politique. Le général de Gaulle s’est libéré des contraintes du gouvernement dont il dépendait et dont il n’appréciait pas les décisions en les condamnant et en lançant un mouvement de résistance hors du territoire national. Daladier, lui, est resté dans le système qui régissait sa carrière politique et qui l’a paralysé quand des circonstances exceptionnelles ne lui ont plus permis d’agir dans l’intérêt de la nation.

C‘est évident, quelle que soit la fonction, elle implique le devoir de l’exercer à la condition de disposer des moyens indispensables pour la mener à bien. Quand ce n’est pas le cas, comme ça se passe souvent, elle implique d’alerter qui il faut pour disposer des moyens nécessaires, et de démissionner, si on ne les obtient pas ( dans un temps raisonnable…. soyons réalistes ). On bascule alors dans la morale parce qu’on ne s’est pas compromis sur l’essentiel. On a eu un comportement irréprochable. Constatons que la morale ne se marie pas aussi souvent que souhaitable avec la politique. Ces hommes-là préfèrent trop souvent rester dans un système qui les paralyse ou qui les oblige à se renier s’il leur permet de conserver le pouvoir ou  l’espoir de le retrouver quand ils l’ont perdu.

Et c’est ici qu’il est intéressant de voir si, toute transposition historique faite, le Président Sarkozy n’est pas actuellement, et d’une certaine façon, dans la même situation que Daladier lorsqu’il est arrivé à Munich en septembre 1938. En effet, même évidence : la liberté de négocier des deux hommes est réduite. A l’époque de Munich, le négociateur devait tenir compte de la pression populaire et parlementaire. Aujourd’hui, le Président Sarkozy doit tenir compte des syndicats pour faire passer des réformes. C’est pas rien mais c’est acceptable s’il garde sa totale liberté d’action. Ce n’est pas le cas s’il confirme son ambition de se présenter aux prochaines élections présidentielles. Voici pourquoi.

Imaginons que  notre Président  continue à laisser entendre qu’il se présentera en 2012.

Première anomalie : Peu après avoir été élu, il annonçait qu’il ne se représenterait pas. Tout le monde semble l’avoir oublié. Mais enfin, tout politicien peut changer d’avis et il est des cas où un homme intelligent a des raisons d’évoluer. Mais aujourd’hui, on ne voit pas d’autre raison à ce ” retournement ” que l’amour du pouvoir pour le pouvoir.

Pis, il doit désormais ménager à la fois l’électorat et les syndicats, d’où des compromis pour éviter de perdre trop de voix précieuses en 2012. Il en résultera forcément un décalage entre ce que seront les réformes adoptées finalement et ce qu’il aurait été souhaitable qu’elles soient, d’où risque d’en limiter les effets bénéfiques.

Imaginons un autre scénario.

Notre Président  annonce dès maintenant qu’il ne se représentera pas.

Cette simple décision met le maximum d’atouts dans ses mains

Premier avantage : produit par l’effet de choc d’une telle annonce !

Deuxième avantage : moral. Considérable. Pas courant un homme politique qui renonce à exercer à terme le pouvoir qu’il détient pour mieux défendre une grande cause nationale ! Il acquiert une dimension à laquelle ne peuvent prétendre ses adversaires.

Troisième avantage : Lorsque pendant ses négociations il dira à la nation :

– ” en toute liberté, voilà ce que je considère être l’intérêt des français “

ses paroles pèseront plus que celles d’adversaires empêtrés dans un système où les intérêts corporatifs s’entremêlent jusqu’à l’embrouille avec ceux supérieurs de la nation.

Quatrième avantage : Libéré des contraintes de la fonction Présidentielle, d’autres fonctions moins contraignantes, aussi jouissives et peut-être même plus rémunératrices, attendent un Président qui pantoufle ! Demandez à Clinton ! Sans parler des avantages pour lui même et son entourage quant à sa vie personnelle. Mais n’en disons rien, ce qui ressort de la vie intime d’une personne ne nous regarde pas !

Il semble donc que l’intérêt de Nicolas SARKOZY rejoint le nôtre s’il annonce qu’il ne se représentera pas en 2012.

Il reste un dernier scénario à présenter, bien que peu probable.

Le Président fait une  annonce qui n’exprime pas ce qu’il fera :

Certains penseront que ce qui suit est machiavélique. Mais en politique, tout est possible. Il faut tout envisager, non ? Supposons donc que notre Président annonce qu’il ne se représentera pas …… bien que le moment ultime venu il ait bien l’intention de ne pas agir selon ses propos. Énorme, hein ! Mais la politique, c’est ça !  Rien de plus simple que d’appliquer un tel parti-pris : L’homme désigné pour représenter la majorité se comporte en compère. Peu avant le dépôt officiel des candidatures, il se retire in extrémis de la compétition ( pléthore de raisons avouables bien qu’inavouables ). Panique des adhérents. Là, les sympathisants entrent en jeu. Ils créent un vaste mouvement pour que le Président actuel revienne sur sa décision. De toutes parts, des suppliques lui sont adressées. Il feint de ne pas donner suite à leur demande. Finalement, il craque sous la pression populaire et annonce qu’il succombe par devoir à la pression populaire ! Vous souriez ? Osez voir les choses comme il est possible qu’elles deviennent ! Parce que la politique est une vaste course épique qui a ceci de commun avec la course hippique qu’il y a d’un côté les ” pur sang ” et de l’autre les  ” ânes ” qui votent pour eux. Et là, j’ai rien contre !  L’important est que la finalité du jeu soit obtenue, à savoir gagner, d’une façon ou d’une autre, quand on court, et de miser sur le bon cheval, quand on parie, dans l’espoir inavouable de bénéficier parfois de ses faveurs. Rien de meilleur que le crottin politique pour fertiliser son patrimoine !

…………………………………

EN CONCLUSION

J’ai essayé par le présent texte de démontrer que l’intérêt de la Nation et celui de Monsieur Sarkozy, se confondent s’il annonce qu’il ne se présentera pas aux élections présidentielles de 2012. Et comment, comble de paradoxe politique, il peut négocier actuellement avec le maximum d’atouts même si – in fine – il fait passer son intérêt particulier avant l’intérêt général en n’agissant pas demain conformément à ses dires.

En l’état, le comportement de Monsieur SARKOZY n’inspire aucune considération pour sa personne. C’est celui d’un goinfre. Il se place au même niveau, bas, que les autres alors que la place que lui impose sa fonction est celle d’un homme libéré de sa faim personnelle pour confectionner sans fâcheux compromis, le menu qui permettra à la nation de satisfaire ses légitimes appétits….. enfin, des ” appétits ” …… justement pris en compte !

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