LA CONVERSATION

Chère lectrice, Cher lecteur,

L’autre jour, je consulte mon Dictionnaire des familles, et je lis :
” Conversation : entretien familier “.
Et, un peu plus loin
” Entretien : conversation “.
Avec le Dictionnaire Rectifié de la langue française, vous en saurez plus en lisant LA CONVERSATION. Voilà !

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CITATION PREAMBULATOIRE

” Dans la vie, il y a les professionnels et les cons “. ( Humphrey Bogart )

Le malheur est que la conversation courante prend souvent la forme d’une parlote de cons qui se prennent pour des professionnels.Et nous ne pouvons les éviter, les cons !
Consolons-nous en pensant que réciproquement, ils ne peuvent pas nous éviter.

 

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I – LA CONVERSATION NAVRANTE

  • LA CONVERSATION FAMILIÈRE

L’intérêt de toute conversation pendant laquelle un des participants “A” donne à un autre participant “B”, ” des nouvelles de “C”, s’exprime par la formule :

A + B + C = 0

De même lorsque “A” et “B” donnent leur appréciation “Ap” ou “Bp” sur ce qu’aurait dit ou fait “C”, on a :

Ap + Bp + C = 0

Dans les deux cas, l’observation confirme le paradoxe mathématique par lequel il arrive qu’un zéro prenne  deux valeurs : Sa valeur arithmétique de “0” et sa valeur psychologique

d’ASSOMMOIR INTÉGRAL.

  • LA CONVERSATION – MONOLOGUE

Jeu de patience pratiqué sous la forme apparente d’une discussion. Chaque participant n’écoute les autres que pour trouver l’occasion d’exprimer ce qu’il veut dire, sans s’apercevoir qu’il est entouré de gens qui sont dans la même attente que lui et qu’il serait moins frustré s’il se parlait à lui-même.

Ceci s’exprime par l’égalité

CONVERSATION = MONOLOGUE

Dans une ” conversation monologue ” :

– celui qui est à l’affût pour parler s’appelle ” l’affûteur “.

– celui qui parle sans s’apercevoir qu’on ne l’écoute pas s’appelle ” lepafuté “.

Le cas particulier le plus assommant de la conversation monologue est celui où l’un des participants raconte la dernière histoire de Marius en se prenant pour le héros de même prénom qui tient un rôle important dans une pièce de Marcel Pagnol.

 

  • LA CONVERSATION SPORTIVE

Le sport est une espèce de conversation sans paroles ( à l’exception parfois de gros mots ). Elle est pratiquée par des personnes généralement peu cultivées qui sont plus à l’aise quand elles s’expriment avec des actes ( taper sur un ballon ou sur le nez de l’arbitre ) qu’avec des mots dont elles ne connaissent pas bien le sens. Cette forme de conversation est néanmoins estimable parce que, en éliminant les mots, elle élimine les occasions de dire des âneries.

A la différence des intellectuels qui discourent souvent de ce qu’ils ne connaissent pas, les sportifs excellent dans l’art de ne parler que de ce qu’ils peuvent comprendre, d’une boule qui affleure le cochonnet, du ballon qui est allé dans le filet du goal, de la balle de golf qui s’est arrêtée, aïe ! quel malheur, au bord du trou…. C’est l’univers d’une maternelle pour retardés, qui pleurent, d’ailleurs, comme des enfants, pour un oui et pour un non. Mais grâce à la simplicité de leurs sujets de discussion, les sportifs et leurs amis contrôlent bien leur pensée quasi fœtale et ils disent moins d’âneries que les intellectuels plus achevés qu’eux.

Il existe un domaine mental où les sportifs et leurs amis sont incontestablement meilleurs que les intellectuels. C’est la ponctuation. Il faut voir, quand ils ne sont pas d’accord pendant un match, comment ils ponctuent leurs hurlements par la projection de coups de poing athlétiques ! Là encore, cette pratique leur évite de dire des âneries. Quoi de mieux que l’effet abrutissant d’un uppercut pour ne pas s’emberlificoter en manipulant des notions abstraites ? Surtout si le coup de poing est répété et s’il est complété, comme c’est souvent le cas, par les coups de matraque assoupissants de notre bienveillante police municipale. En conclusion, les sportifs et leurs amis sont raisonnables sous des dehors d’abrutis, contrairement aux intellectuels qui déraisonnent sous des dehors d’hommes savants.

  • LE DIALOGUE ÉLECTORAL

Conversation à l’échelle d’une nation entre une multitude d’ignorants flatteusement appelés “citoyens” et des postulants à l’état de maîtres, hypocritement appelés “députés” ou ” Ministres ” ou ” Président “, lesquels mentent aux premiers pour qu’ils leur donnent le pouvoir par un vote qui est la résultante du mensonge des ” maîtres ” et de l’ignorance des citoyens. Précisons que si les ” maîtres ” savent qu’ils mentent, les citoyens estiment avoir les connaissances utiles pour voter, ce qui est faux. Cette erreur fatale d’appréciation justifie les manœuvres des premiers sur les seconds et le pouvoir qui en résulte.

  • LE VOTE DÉMOCRATIQUE

Le vote démocratique conclut le dialogue électoral. Il résulte du postulat archangélique selon lequel l’opinion d’une majorité est une bonne opinion. Quand les électeurs seront éclairés, ça marchera. Comme ce n’est pas encore le cas, on constate presque toujours qu’une somme d’ignorances est peu savante. Une addition d’imbéciles donnera toujours un total idiot.

On ne connaît malheureusement pas de moins mauvais système pour faire avec la participation de tous les citoyens  la  moins mauvaise politique, avec, parfois, la possibilité de faire la pire ( Munich ).

  • LA LIBERTE POLITIQUE

Mirage collectif. Déclaration officielle sans fondement.

  • LA PIPE

Déclaration d’amour muette faite au niveau du fondement. Depuis les campagnes qui ont condamné l’usage de la cigarette, certains hommes d’état se sont tournés vers la pipe pour oublier leurs soucis, ce qui parfois leur en donne davantage.

  • RÉVÉLATION

De même qu’il existe des mots idiots ( par exemple vraiment, qui est composé de vrai et de ment, deux termes dont les sens se contredisent ), de même il existe des mots parfaitement inutiles, comme le verbe  révéler, quand il est utilisé pour montrer les aberrations du monde politique. Cela ne sert à rien de les révéler.Quoi qu’il en soit, ” révéler ” vient de Revel ( Jean-François ). La postérité lui attribue ce terme pour désigner les cas où les plus grands esprits disent des idioties et en font d’autres d’une grandeur proportionnelle à leur intelligence. Notre révélateur national a montré, entre autre, comment Jean-Paul Sartre a été crétinisé par une idéologie qui s’est d’ailleurs écroulée d’elle-même un peu plus tard. Si de telles révélations offrent quelque réconfort au vulgum pecus pour l’aider à supporter les suites de ses engagements scabreux, elles ne consolent pas l’honnête homme de constater que malgré l’abondance et la qualité de ses preuves, Jean-François REVEL n’a pas élargi d’un micron la lucidité du jugement politique des français, ni relevé, ne serait-ce que de l’épaisseur d’une langue, le niveau de leur conversation concernant les affaires de la nation. Quoi qu’il en soit, l’espoir faisant vivre, la lecture de son livre ” Le voleur dans la maison vide ” devrait être imposée en terminale par toute démocratie soucieuse de former des citoyens lucides. Constatons que jusqu’ici les ministres de l’éducation nationale n’ont pris aucune mesure en ce sens. Ce qui renforce la thèse que l’objectif prioritaire des ” maîtres ” est d’assurer leur domination en maintenant en état d’ignorance les citoyens qui les élisent, hélas !

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En guise de première conclusion

” Tout le malheur des hommes vient de ce que  chacun croit dire la vérité parce qu’il dit ce qu’il  pense ” ( Sacha Guitry )

Alors, que penser de la vérité des dirigeants politiques qui disent avec une égale conviction de façade non seulement ce qu’ils pensent mais aussi ce qu’ils ne pensent pas, et qui nient même plus tard avoir dit ce qu’ils ont ainsi dit, sans oublier qu’ils ne disent pas tout ce qu’ils pensent ? Que penser sinon que cet emberlificotage des ” at’hommes ” politiques sert davantage leur macro molécule personnelle et partisane que les intérêts de la nation ?

En guise de deuxième conclusion

  • VÉRITÉ / ERREUR :

Deux mirages de l’esprit. Hors la technique et les sciences, les valeurs de vérité et d’erreur n’en ont pratiquement pas dans la vie courante. La preuve ? Les avis contradictoires des uns et des autres sur n’importe quel sujet de réflexion, sans parler des contradictions dans la pensée de chacun à deux moments différents de sa vie, voire même d’une discussion.

II – LA CONVERSATION MERVEILLEUSE

  • LA CONVERSATION ” JEU “

Le principe est simple : Il s’agit de considérer les participants et le monde autrement que nous les voyons. Le but n’est pas d’être ce qu’on est et de dire ce qu’on croit mais de prendre le rôle de ce qu’on n’est  pas pour dire ce qu’on ne croit pas, à la condition de se distraire. Exemple : les idioties que j’ai écrites sur la conversation sportive ….Dans ce genre de conversation, les notions de vérité et d’erreur n’ont aucune valeur.  Ne compte que la découverte logique des conséquences absurdes d’un parti pris sans fondement. Evidemment, l’état requis pour ce genre de jeu n’est pas celui du ponceur de rotin, ou du roteur de poussins, sans parler du passeur de requins, du sapeur de Lesquin, etc.

  • L’ÉCHANGE HUMILIFICATEUR

Comédie dérivée de la conversation ” jeu “. Elle se pratique entres amis qui s’insultent sans raison. Ce rituel est le premier vaccin mental mis au point contre la prétention. Ce vaccin présente l’avantage d’être administré sans intervention du corps médical. Un ami suffit. Néanmoins de gros progrès restent à faire pour améliorer le rendement du dialogue humilificateur. De même pour généraliser son  application, à la constatation que ceux qui en ont le plus besoin sont ceux qui se font vacciner le moins.

  • LA CONVERSATION – MONOLOGUE

Moment acceptable d’une conversation lorsque l’un des participants dont la vie n’est pas banale est un bon conteur que tout le monde écoute en silence.

  • LA CONVERSATION AVEC UN LIVRE

Forme très efficace de dialogue parce qu’elle ne permet pas de couper la parole de celui qui parle, appelé ” l’auteur “.  On ne peut lui répondre que par la pensée, ou plus tard, en lui écrivant. Comme son nom l’indique en anglais, un              ” author ” est très authoritaire.

  • LA DISCUSSION PROFESSIONNELLE

Avec le monologue et le livre, la discussion professionnelle est une façon satisfaisante de parler de la  réalité. Elle  nécessite néanmoins des années d’études et, pour chaque sujet, un long travail préparatoire. Il arrive quand même que des bourdes soient dites pendant une discussion professionnelle.

  • LA DISCUSSION ” Bernard PIVOT

Discussion de professionnels dirigés par un meneur de jeu. Il choisit ses questions pour que les réponses des invités aient une double valeur :
– celle des propos de leur auteur.

– celle du thème de l’émission.
L’intérêt exceptionnel d’une émission ” Pivot ” réside dans sa composition, à savoir :

– un journaliste qui a du charme et qui sait    questionner.

– Des invités qui savent de quoi ils parlent.

– Leur préparation pour qu’ils mettent leur valeur    propre au service d’un thème commun de  discussion.

A contrario, l’art requis pour réaliser la recette ” Pivot ” explique le néant d’une conversation familière.

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Vous venez de lire quelques extraits du Dictionnaire Rectifié de la langue française.

Chère lectrice, Cher lecteur,

Revenons, pour conclure, au dictionnaire des familles.

Conversation : entretien familier.

Entretien : conversation.

J’espère que vous en savez un peu plus maintenant.

Vive la culture ! Dans la joie et la lucidité !

Au revoir !

Quant à toi, Père Noël, adieu !

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